VI.2. Lisez l'histoire de Sophie et dites ce que vous pensez de cette jeune fille, de son mode de vie, de ses aspirations.



Sophie n'oubliera jamais le jour où son banquier a cisaillé, devant elle, sa carte bleue et son chéquier. Elle n'en peut plus : "Depuis six mois, je ne m'achète plus rien, je ne sors plus, je ne vois plus personne, je ne vais même plus au cinéma. Je bosse, c'est tout !"

Infirmière depuis cinq ans dans une petite société de soins à domicile, Sophie, 29 ans, aime son métier, elle l'a choisi. Elle s'est même longtemps considérée comme "quelqu'un de privilégié ". Car elle s'était organisée une vie plutôt agréable avec son salaire de 12 000 francs nets par mois, une vie entre copains et sorties. Mais tout a basculé quand elle a décidé de quitter la chambre de bonne qu'elle louait à sa grand-mère, pour un petit trois-pièces à 3 700 francs. C'est qu'il y a eu, aussi, les 35 000 francs de travaux qu'il lui a fallu débourser pour s'installer dans son nouvel appartement. Et puis encore les remboursements du crédit "leasing" de sa voiture diesel - Sophie effectue plus de 4 000 kilomètres par mois -, et l'assurance, et les impôts, et les charges, et le gaz, et l'électricité... Près de 10 000 francs par mois. "La maison prenait l'eau", se souvient-elle.

Alors, "dans la plus parfaite illégalité", elle a décidé d'avoir un deuxième emploi. Laborantine le matin, elle faisait des tournées de soins de 16 heures à minuit. Sophie a craqué. "J'ai dit stop !", raconte-t-elle, "y'a pas écrit pigeon sur mon front !" Aussitôt dit, aussitôt fait. Dès novembre prochain, elle exercera ses talents d'infirmière dans le Jura suisse...

(L. Bijard, Le Nouvel Observateur, 1991)

Maintenant, transformez le texte lu en dialogue entre Sophie et une amie. Accompagnez les paroles des personnages d'indications sur les voix, les gestes, les regards.

VI.3. Le problème du chômage existe-t-il pour les jeunes Russes ? A quel point est-il actuel ? Quelles catégories de jeunes Russes souffrent surtout du chômage ?

VI.4. Être diplômé en Russie, est-ce une garantie d'un emploi stable ? d'un emploi bien rémunéré ?

VI.5. Que signifie pour vous réussir dans la vie ? Être diplômé ? Avoir beaucoup d'amis ? Avoir un emploi intéressant et bien rémunéré ? Avoir beaucoup d'argent ? Être banquier ? Être célèbre ? etc. Donnez une réponse développée et bien argumentée ?

VI.6. Vous sentez-vous assuré dans votre vie ? Savez-vous déjà où vous allez travailler vos études supérieures terminées ?

VI.7. Qu'est-ce que vous craignez dans la vie future ? de devenir chômeur ? de rater la vie familiale ? d'être trahi ? de devenir victime d'un crime ? des cataclysmes politiques dans le pays ?

VI.8. Sur qui comptez-vous dans votre vie future ? sur vous-même ? sur vos parents ? sur vos amis ? sur un hasard ?

VI.9. Quelle est votre attitude envers les mendiants ? les SDF ? envers d'autres groupes sociaux défavorisés ?

VI.10. Débats. Comment réussir dans la vie ?

VI.11. En tant qu'un sociologue, rédigez un exposé sous le titre "Les jeunes et le chômage".

UNITÉ 5. LE JEUNE COUPLE

Longtemps, la famille est restée une des institutions inébranlables de la société. Elle demeure encore le fondement, mais elle a changé de valeur et de finalité. Les liens familiaux apparaissent plus lâches actuellement par rapport au passé : l'autorité parentale a beaucoup perdu de sa vigueur, et l'éducation des enfants s'effectue en grande partie en dehors de la famille, formant des enfants plus indépendants.

(R. Solé, Le Monde, 1985)

I. Textes à étudier

I.1. Lisez les textes ci-dessous et répondez aux questions :

  1. Quelles sont les causes de la crise de la famille traditionnelle ?
  2. Le mariage, comment s'est-il transformé au cours du temps ?
  3. Qui épouse qui ?

Texte 1

L'éclatement de la famille traditionnelle

L'exemple que constituait pour les enfants le père ou la mère n'a plus la même valeur. L'école, la télévision, les mass média fournissent à l'enfant un système de valeurs qui a souvent plus de portée que l'enseignement des parents. Les intérêts des enfants, qui s'adaptent mieux et plus vite à la société de consommation que les parents, sont souvent autres que ce qui leur paraîtrait essentiel. L'autorité arbitraire n'entraîne que l'incompréhension et la révolte de la part des jeunes dont les désirs de liberté et d'indépendance sont précoces. Traditionnellement, la vie familiale était fortement structurée, rythmée. Maintenant, c'est l'extérieur, la société des copains qui détermine les goûts, les lectures, la mode, les activités, les loisirs, et cela dès le plus jeune âge. L'augmentation du niveau de vie, l'octroi de l'argent de poche (qui n'est plus un cadeau, mais un droit "indexé sur le coût de la vie") augmentent le sentiment d'indépendance. L'épanouissement sexuel précoce - l'enseignement sexuel est obligatoire à l'école dès l'âge de 12 ans - laisse les parents désarmés.

La crise de la famille est avant tout la crise de l'éducation des enfants. Balancés entre l'autorité et le chantage sentimental, échouant dans les deux cas, les parents démissionnent souvent. Le rythme insensé de la vie, l'activité de la mère, la vie de famille résumée à la soirée devant la télévision, sont des facteurs du "désert" familial.

La première des notions de base de la famille est le mariage, considéré pendant des générations comme l'aboutissement logique et normal de l'amour. L'amour n'a pas disparu, mais il ne conduit plus forcément au mariage. Depuis une dizaine d'années, des couples en nombre sans cesse croissant choisissent la cohabitation avant le mariage. Selon les statistiques de l'INED, ils étaient 17% en 1968, ils sont 44% dix ans plus tard. Près de la moitié des jeunes couples choisissent donc actuellement le mariage à l'essai en France. Le fait est accepté dans les villes mais rencontre encore des résistances à la campagne. Les trois quarts des parents savent que leur enfant vit "maritalement", et s'ils n'approuvent pas toujours, ils respectent la décision des jeunes et la moitié d'entre eux apportent même une aide matérielle à leurs enfants. Beaucoup de parents vont jusqu'à considérer que cette forme de relation remplace les antiques fiançailles et espèrent néanmoins qu'elle sera "légitimée" par le mariage.

(J.-C. Kaufmann, Sociologie du couple)

Texte 2

"Dis-moi qui tu es, je te dirai qui tu épouseras"

Les Français se marient moins, mais l'institution demeure. Et, comme leurs parents, les futurs conjoints se choisissent dans leur milieu d'origine.

Pendant que les psychologues américains épient les relations entre maris et femmes, les sociologues français suivent, eux, les bouleversements de l'institution dans l'Hexagone. Comment s'est-elle transformée au cours du temps ? Est-elle toujours la clef de voûte du système social ? Qui épouse qui ? Comment ont évolué les rôles des époux ? Pourquoi quitte-t-on plus fréquemment que par le passé le pays du mariage pour retrouver celui des "célibattants" ou des "célibattus" ?

En l'espace d'une vingtaine d'années, la planète Mariage a totalement changé de physionomie. D'abord, elle a rétréci. Un tiers de passage en moins devant M. le Maire entre 1972 et 1992. Elle a vieilli, aussi. L'âge moyen du "grand saut" ne cesse de reculer. De trois ans environ en vingt ans. "Mais durant les années 70 l'accroissement du nombre des unions libres compensait le recul des mariages, commente Michel Bozon, directeur de recherches à l'Ined (Institut national d'études démographiques). Ce n'est plus vrai aujourd'hui. On observe une réelle baisse de personnes vivant en couple. Parce que la durée des études s'allonge et que la précarité professionnelle des jeunes est importante. "Parallèlement, le mariage n'a plus le même poids qu'il y a quelques décennies. A l'époque, ils donnait des droits, il représentait le coup d'envoi de la vie à deux, de la formation du couple et de la famille , et même si la sexualité avait débuté avant la consécration légale, elle n'était qu'une anticipation, qu'une avance sur un dû. Passer devant le maire conférait un statut social aux femmes dont le rôle professionnel n'était pas encore fermement établi. Bref, hier, le mariage instituait. Et "il marquait une rupture brutale entre le temps de la jeunesse dans la famille d'origine et l'entrée dans la vie adulte", écrit Jean-Claude Kaufmann, chargé de recherches au CNRS, dans "Sociologie du couple" (Presses universitaires de France). Désormais, les jeunes, dans leur majorité, s'installent dans la vie à deux à petits pas. Depuis 1985, une naissance sur trois a lieu hors mariage. Or c'est le premier enfant le vrai point de départ de l'entité familiale. Comment expliquer alors que, malgré son déclin - plus ou moins stabilisé depuis quatre à cinq ans - l'institution demeure ? "Parce qu'elle est devenue une réaction contre la non-visibilité de la mise en couple. Lorsque les jeunes s'installent ensemble, ils restent discrets, ne font pas de fête pour célébrer l'événement, qui passe souvent inaperçu, explique Michel Bozon. C'est aussi un moyen de réaffirmer les liens avec sa communauté d'origine, surtout quand ils se sont distendus, ou avec ses amis".

Au commencement, bien avant que la mariée toute de blanc vêtue ou le "futur" dans son costume sombre ne passe devant le maire, il y eut une rencontre, un coup de foudre, instant magique dû au pur hasard ? Pas tout à fait. Dis-moi qui tu es et je te dirai où tu rencontreras ta moitié et avec qui tu vieilliras, pourraient dire les sociologues. "D'abord, constate Michel Bozon, qui a effectué, avec François Héran, une grande enquête sur la formation des couples, les lieux de rencontre ont changé." Hier, on faisait connaissance de son conjoint dans le voisinage, au bal, au travail ou lors de fêtes familiales. Aujourd'hui, on le croise dans des lieux publics (rue, café, centre commercial, fête publique, foire, bal, etc.) pour les classes populaires, chez des amis ou dans des lieux "réservés" (musées, concerts, associations, lieux de travail ou d'études), pour les classes dites "supérieures".

Et qui épouse qui, à une époque où le melting-pot semble de rigueur ? Étonnamment, l'homogamie - mariage dans le même milieu - reste une constante. Aujourd'hui autant qu'hier, on jette son dévolu dans la même couche sociale que la sienne, sur des personnes ayant des diplômes équivalant aux siens, et selon des stéréotypes que l'on croyait enterrés depuis longtemps. Oui, messieurs les cadres, vous choisissez toujours votre âme soeur en fonction de critères esthétiques - la femme élancée vous hante - mais aussi en fonction de sa capacité à communiquer. Vous, madame, ce sont les "grands bruns minces" qui vous font flipper. Et vous les voyez d'abord "intelligents" et "sécurisants". Ce sont très rarement les qualités demandées par les femmes des milieux populaires, qui souhaitent, elles, des époux "travailleurs" et "sérieux". Et peu importe qu'ils soient rondouillards ou sveltes. La femme enveloppée et "simple" est la bienvenue dans les couches sociales les plus modestes.

Lorsque chacun aura trouvé sa chacune, et que le couple prendra forme - amoureux dans les premiers temps, avant de devenir entreprise - il faudra ensemble apprendre à gérer le quotidien. Dans 95% des mariages ce sont les femmes les plus intégrées dans le conjugal. Ce sont elles qui ont la responsabilité de la gestion de la maison. Une responsabilité qui s'affirme à mesure que l'on descend dans l'échelle sociale. "Le nid conjugal est une machine à reproduire quotidiennement les inégalités entre hommes et femmes. Là, elles sont même en train de progresser", martèle Jean-Claude Kaufmann. Surtout si le mari a un travail plus rémunérateur que son épouse. "Et la vision du mariage est totalement différente selon le sexe", poursuit le spécialiste. Les hommes, eux, n'ont bien souvent qu'un pied dans le couple. Ils ne s'y investissent qu'à 10% de leur temps, pas plus. Si les relations se détériorent, ils font plus de sport, restent plus tard à leur travail. Ils gèrent facilement leur insatisfaction en prenant de la distance. Les femmes, au contraire, s'accommodent mal de ces à-peu-près. Elles n'arrivent plus à s'abstraire, parce que ce sont elles qui mènent la maison. Comme elles s'investissent, elles sont plus exigeantes et attendent plus. Dès que leur insatisfaction devient trop grande, elles cherchent à quitter ce lieu de déplaisir. Résultat : 75% des divorces sont demandés par des femmes.

Eh non ! le mariage n'est pas un long fleuve tranquille. Mais, à en croire les chercheurs, mieux on le connaîtra, plus on pourra endiguer ses débordements et limiter ses ruptures.

(L'express, 1994)

I.2. Répondez aux questions de la page 86-87.


Дата добавления: 2019-01-14; просмотров: 336; Мы поможем в написании вашей работы!

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